Étant donné la complexité de la langue française, son orthographe (lexicale et grammaticale), a bien besoin d'être étudiée pendant les neuf années qui vont du CP jusqu'à la 3ème. Pour que les élèves se retrouvent dans ce grand jeu de piste aux règles variées et aux nombreux pièges, il est indispensable qu'ils apprennent de nouveaux mots et soient entraînés quotidiennement, de diverses manières, à appliquer les règles d'accord, en sollicitant plus leur intelligence que leur mémoire avec des règles du genre - Il faut écrire “est” lorsqu'on peut le remplacer par “était” -, qui sont des béquilles dont ils ont bien du mal à se passer par la suite .
Proposé dans les classes primaires et celles du collège, l'apprentissage de l'orthographe se fait agréablement, progressivement et intelligemment, de manière vivante et ordonnée, notamment à l'aide des quatre outils suivants :
Les bonds de lièvre sont, dès le CE1, une préparation et un entraînement à la dictée et à l'écriture du français en général (résumé, rédaction, dissertation, exposé, lettre...).
Grâce à eux, les élèves enrichissent leur vocabulaire et s'entraînent à l'art de la description, en voyageant dans le temps et dans l'espace, et en allant, dans des ambiances variées, à la rencontre de personnes, d'animaux, de monuments, de paysages, d'objets...
Comme le lièvre touchant terre entre chaque bond, faisons les accords en ajoutant e, s ou x à la fin de certains mots.
Les bonds de lièvre ne sont pas des phrases - il n'y a donc ni majuscule au début, ni point à la fin -, mais des groupes nominaux plus ou moins longs (de 7 à 60 mots environ). Comme il n'y a pas de verbes conjugués, il y a juste à faire les accords nécessaires entre les déterminants, noms, adjectifs qualificatifs et participes passés, en ajoutant e pour le féminin et s ou x pour les pluriels, et à laisser inchangé ce qui est invariable (prépositions, adverbes, conjonctions et interjections), en sautant par-dessus!
Pour y parvenir, les élèves ont besoin de savoir à quelle catégorie grammaticale appartient chaque mot et de faire une série de prises de conscience. C'est le rôle de la grammaire en couleurs!
La conjugaison est travaillée à part pour que les élèves mettent toute leur concentration sur les accords et fassent les prises de conscience nécessaires pour bien orthographier. La séparation des difficultés facilite grandement la mise en place des réflexes et permet aux élèves de progresser rapidement. De temps en temps, toutes les difficultés sont réunies à l'occasion d'une dictée.
Pris parmi les mille cinq cents bonds de lièvre qui feront partie d'un livre d'orthographe, en voici trois de difficulté croissante :
- des petits pains chauds, dorés à point
- de grands râteaux portant des dents des deux côtés pour retourner le foin
- un groupe d'arbres centenaires au feuillage épais abritant d'innombrables grillons se frottant les ailes
Il est nécessaire de commencer par un temps d'entraînement collectif. Les élèves vont se familiariser en écoutant attentivement chaque bond de lièvre, en voyant la scène proposée et en repérant les mots déclencheurs tels que “des”, “aux”, “plusieurs”, “une collection de”...
En entendant, par exemple, "un groupe d'arbres centenaires au feuillage épais abritant d'innombrables grillons se frottant les ailes", les élèves vont se demander où ils se trouvent, ce qu'ils voient exactement, quels sont les éléments principaux, ce qu'ils entendent, comment ils dessineraient ce tableau... En effet, comment pourront-ils accorder les mots s'ils ne voient pas qu'il y a plusieurs arbres, plusieurs grillons et plusieurs ailes? Plus leur écoute et leur évocation seront de qualité, plus ils feront correctement les accords.
Selon leur niveau en orthographe et une fois la règle du jeu bien comprise, les élèves passent généralement par trois stades de durées diverses, selon leurs prises de conscience. Plus ils écriront de bonds de lièvre, plus les stades seront courts et plus les progrès seront rapides. Lorsque les élèves commencent à travailler avec les bonds de lièvre, ils oublient généralement de faire des accords ou en font trop, même en prenant le temps de se relire. Un peu plus entraînés, ils font de plus en plus d'accords appropriés, grâce à leurs réflexes qui se mettent en place et à leur relecture qui s'améliore. Et enfin, ils font directement les accords en écrivant, avant même de se relire.
Les phrases-surprises sont, elles aussi, une préparation et un entraînement à la dictée et à l'écriture du français en général (résumé, rédaction, dissertation, exposé, lettre...). Grâce à elles, dès le CE2, les élèves enrichissent leur vocabulaire, améliorent leur écoute, leur compréhension et leur diction, et ont envie d'écrire des histoires et des dialogues plus ou moins longs, en jouant avec la langue française et ses subtilités.
Abordant des sujets variés (géographie, histoire de France ou d'ailleurs, voyages, faune et flore, famille, cuisine...), les phrases-surprises étonnent, intriguent, font sourire, et, en tout cas, obligent à réfléchir et à faire des recherches. Souvent musicales comme les vire-langues et les trompe-oreilles, avec leurs allitérations et leurs assonances, les phrases-surprises sont à écouter, à lire, à dire, à copier, à prolonger, à écrire sous dictée...
Plus ou moins longues, (de 3 à 90 mots, et plus pour les histoires), comportant donc majuscules et points, les phrases-surprises se présentent sous six formes :
- Paroles : "Bichette, au lieu de faire des pichenettes avec des boulettes de mie, pourrais-tu me couper une lichette de pain, s'il te plaît?"
- Brèves conversations : - Ludovic vit-il Sylvie lors de sa venue cet automne à Volvic? Où vit-elle maintenant? À Vittel, à Vichy ou à Évian?
- Je ne sais rien : ni s'il vit Sylvie, ni si elle vit toujours à Vittel.
- Instantanés : Après avoir regardé, serein, le Rhin par la fenêtre du salon, Marin se pencha, les mains sur les reins, pour regarder ses serins.
- Courtes scènes : Chez les lents, l'élan est ralenti, il manque d'allant. L'élan, lui, vit sa vie à son rythme, ni lent ni rapide.
- Et rebelote en miroir, écho et cascade : La chasse au trésor est ouverte. Tous les enfants s'égaillent dans le parc et criaillent de joie en courant.
Les couleurs d'automne égayent magnifiquement la forêt.
- Petites et grandes histoires : Interrogatoire
- Parmi les gens y avait-il Jean?
- Qu'est-ce que j'en sais? En tout cas, je ne l'ai pas vu.
- Sais-tu au moins ce que Jean sait?
- Non, je n'en sais rien. Demande-le-lui toi-même.
Les phrases-surprises sont du français concentré, pour des apprentissages ciblés. Au lieu d'être dispersées et survolées, les difficultés de la langue française sont mises en valeur, présentées de façon plaisante et réunies par affinités, ressemblances ou différences, afin que les élèves puissent faire les prises conscience nécessaires en les observant, les comparant et s'en imprégnant, et, ainsi, s'approprier définitivement l'orthographe et le sens des mots, selon le contexte dans lequel ils sont utilisés.
La langue des oiseaux est un entraînement original à l'orthographe, au vocabulaire et à la créativité. Dès le CE2, elle permet de jouer avec la langue française qui se prête si bien aux pirouettes et au camouflage, et elle peut être un point de départ pour l'écriture de saynètes amusantes grâce à un quiproquo (par exemple, les bonds des cerfs/les bons desserts).
En lisant la langue des oiseaux, nos yeux nous entraînent dans un sens alors que nos oreilles nous entraînent dans un tout autre. Il s'agit donc d'écrire différemment ce que nous entendons à l'identique.
La langue des oiseaux est répartie en une vingtaine de thèmes. En voici quelques exemples : la géographie, un des trois ; le temps, un taon plus vieux ; la musique, l'essaim balle ; les animaux, des poux sains ; les études, Un thé, Roger ? etc.
Individuellement ou par deux, les élèves lisent chaque groupe de mots écrit en langue des oiseaux, le "traduisent" et écrivent en face sa graphie correcte, avec l'aide éventuelle d'un dictionnaire.
Traduits, un des trois devient un détroit, un taon plus vieux un temps pluvieux, l'essaim balle les cymbales, et ainsi de
suite.
Une fois que les élèves sont à l'aise, ils inventent de nouvelles paires et les soumettent à leurs camarades.
Ouvert aux élèves francophones dès le CP, le cabinet de curiosités collaboratif est à leur disposition pour qu'ils puissent se repérer avec plus d'aisance dans les différentes graphies du français et qu'ils l'enrichissent de leurs contributions.
Riche de ses nombreux inventaires, collections et séries, le cabinet de curiosités collaboratif est là pour provoquer des rencontres entre les élèves et les mots, et leur donner l'occasion de faire leur connaissance. En effet, comme la plupart des élèves lisent très peu de livres, ils ne peuvent pas enrichir leur "dictionnaire de tête" (orthographe lexicale et vocabulaire), en l'alimentant régulièrement de mots nouveaux et en enregistrant leur sens et leur graphie, ce que font généralement les lecteurs.
L'orthographe lexicale est composée de quelques mots s'écrivant simplement (niche, moutarde, table, locomotive...), et d'une flopée comportant des lettres doublées ou muettes (chiffre, accord, puits, taux, conscience...), ou des surprises (chose/chorale, pente/examen, montagne/diagnostic, affect/respect, différent/diffèrent, penser/panser...), nécessitant de faire les choix appropriés. Comment les élèves peuvent-ils écrire correctement ces mots s'ils ne les ont jamais vus ?
Un inventaire est une recherche ciblée qui peut se faire individuellement, à deux, en petits groupes ou tous ensemble, avec l'aide d'un dictionnaire si besoin est. Il s'agit de trouver et d'écrire, dans l'ordre alphabétique et en couleurs (celles des catégories grammaticales utilisées dans la grammaire en couleurs) tous les mots d'une syllabe finissant par un son donné.
Ici, par exemple, le son -OR :
- le bord, le bore, le bort
- le cor, le corps, le chlore, clore
- d'or, d'ores et déjà, (que) je dore, (que) tu dores, (qu') il dore, (qu') ils dorent, dore !, je dors, tu dors, il dort, dors !
- etc.
Une collection est une liste non exhaustive de mots, ayant une particularité méritant d'être observée, car comportant des difficultés. Ainsi, par exemple, la collection de mots se terminant par -ENT. Comment se lisent les mots suivants (en ajoutant déterminant ou pronom si besoin est) et à quelle catégorie grammaticale appartiennent-ils? accent, axent, placent, innocent, diffèrent, différent, relent, à bon escient...
Une série est un rassemblement de mots finissant ou commençant par les mêmes lettres. Ainsi, par exemple, les élèves découvrent la famille des mots finissant par -ARQUE :
- il arque, une barque, il débarque, il embarque, un énarque, une marque, (qu') il marque, un monarque etc.
Ils découvrent aussi la famille des mots commençant par CIM- :
- une cimaise, une cime, le ciment, cimenter, une cimenterie, un cimeterre, un cimetière.